Au-delà du développement économique, le coup d’accélérateur au mandat hautement social de Patrice Talon
2500 milliards de francs cfa au total, 1980km d’Agadem à Sèmè Podji dont 675km traversant du nord au sud le territoire national, le projet « Pipeline export Niger-Bénin » acté par la société Wapco-Bénin, filiale de la 4ème entreprise pétrolière du monde, la China national petrolum corporation, n’est pas seulement le plus long pipeline d’Afrique. Il cumule aussi et bat tous les records des superlatifs. A hauteur de 600 milliards Cfa d’investissement privé direct, c’est du jamais vu au Bénin qui, au demeurant, engrangera sur 20ans plus de 300 milliards cfa de recettes, bénéficie déjà et bénéficiera encore plus d’ouvrages sociocommunautaires dans les 241 villages des 17 communes traversés par le tuyau dans les départements de l’Ouémé, Plateau, Collines, Borgou et Alibori. Mais, cerise sur le gâteau, c’est encore cette même compagnie qui, ce jeudi 30 juin à l’Ampli Idriss Déby au ampus, vient de conclure un partenariat avec l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) pour des « Bourses Aurore Wapco-Bénin » dans les filières de pointe et d’avenir. Ceci, selon la Ministre de l’enseignement supérieur Eléonore Yayi-Ladékan, afin de « contribuer efficacement à la formation de ressources humaines de qualité, capables de s’adapter aux évolutions scientifiques et technologiques, mais surtout d’innover pour relever les défis du développement ».
Par Razack ABDOU
Lundi 15 mars 2021, à la salle de conférence du Ministère de affaires étrangères, le Ministre de l’eau et des mines, Séïdou Samou Adambi procédait avec enthousiasme au lancement de la plateforme web emploi-pipeline.gouv.bj correspondant à la phase active du projet « Pipeline Export Niger-Bénin ». Mais, pouvait-il alors se douter que sur les 3000 emplois qui répertorie une cinquante de profils, le processus se heurterait à bien des égards à un déficit criard de certaines des compétences recherchées ? « Que faire ? », s’est alors demandé le ministre. Importer de la main d’œuvre pour opérationnaliser ce « New Deal » du Bénin révélé à contre-courant de la vision gouvernementale soucieuse du renouvellement qualitatif des ressources humaines ?
L’opportunité derrière l’obstacle…
Un peu comme ayant toujours avant tout le monde parcouru ses classiques et révisé ses leçons, le pèlerin Adambi, pour contourner cette difficulté, ouvre au pas de charge avec la partie chinoise le débat dont l’épilogue se concrétise ce 30 juin par la convention de partenariat Wapco-Bénin/Uac officialisant désormais le programme des « Bourses Aurore ». « …un cadre incitatif d’accompagnement des étudiants béninois en dernière année de parcours « Licence ou Master » selon Eléonore Yayi-Ladékan, la Ministre béninoise de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui insiste : « Grâce à ce partenariat, l’UAC s’illustrera davantage comme un acteur clé dans le processus de transformation économique et sociale du Bénin à travers la production, le transfert et la diffusion du savoir ».
« Bourses Aurore Wapco-Bénin » pour fabriquer des générations de Ronaldo de l’industrie, de l’économie et du développement
Constitué des frais d’inscription et de formation auxquels selon le cas s’ajoutent des allocations mensuelles de subsistance, le package des bourses Aurore Wapco-Bénin se destine à cultiver, d’après Jin Jinsong, Directeur général de la société, « … des compétentes locales pointues en gestion des grands projets, à participer activement aux affaires pétrolières et à promouvoir le développement économique du Bénin ». Et ce programme ne vise d’abord que Sept établissements à savoir : « L’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi (Epac), l’Ecole nationale d’économie appliquée et de management (Eneam), l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), l’Institut de formation et de recherche en informatique (Ifri), l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture (Inmaac) et la Faculté des sciences agronomiques (Fsa) », égrène Nelly Kélomé, vice-recteur chargée de la Coopération interuniversitaire, des partenariats et de l’insertion professionnelle. Exclusivement réservé aux trois premiers de chaque licence II admis et ceux des Masters I admis dans des filières identifiées de commun accord entre les parties, le processus enrôlera, pour les Master II, notamment les «… génie mécanique et civil, génie chimique et des procédés, aménagement et protection de l’environnement, droit des affaires, planification, système d’information et réseau informatique, génie logiciel, génie rural et mécanisation agricole » a décliné la Vice-recteur avant d’y rajouter le secrétariat de direction et les filières formant aux métiers de l’image et du son, de l’art et à l’économie de l’art en ce qui concerne les licences III notamment.
S’étant dans un premier temps désolé du «…manque d’ingénieurs spécialisés au Bénin dans le secteur des hydrocarbures » et à « …l’université (d’une offre de formations) dont la société (Wapco-Bénin) a besoin, c’est un rêve qui vient de se réaliser » avoue l’ambassadeur de la Chine au Bénin près le Bénin, Peng Jingtao, Ce fut avant de se féliciter de cette «…opportunité (pour) conjuguer les efforts de coopération entre le Bénin et la Chine » et, en conclusion, d’espérer que les bénéficiaires de la bourse finiront suffisamment outillés pour « …travailler après leur formation dans la société Wapco Bénin ou aussi (pourquoi pas) à la société-mère » en Chine. Ce à quoi le ministre Adambi renchérit mais avec cet avertissement incitatif : « Seuls les meilleurs à l’issue de leur formation pourront être pris en compte immédiatement par la société », a-t-il assuré.
« Si vous pensez en mois, plantez des céréales. Si vous pensez en années, plantez des arbres. Si vous pensez en siècle, éduquez vos enfants ». C’est à la suite de cette sagesse populaire chinoise qu’il a plu enfin au Directeur général de Wapco-Bénin, d’insister sur le volet social du programme : « L’octroi des bourses traduit (aussi surtout) la volonté de notre société d’accomplir ses responsabilités et obligations sociales. Cette initiative pourra, non seulement, encourager de manière significative les étudiants de l’Uac à se focaliser sur leurs études mais aussi leur apporter des appuis solides pour améliorer leur qualité et leur compétitivité sur le marché du travail », a-t-il confié.
Ayant connu une très forte participation de la communautés universitaire et d’étudiants, d’officiels, d’acteurs du secteur privé et de la presse, la cérémonie officielle a été l’autre occasion pour les parties prenantes de réaffirmer leur désir croisé d’enrichir ce programme novateur par son extension et la diversification des filières à impacter dans une approche globale de la recherche et de l’innovation de nature à propulser sur la scène international un Bénin révélé tout à fait décomplexé par la qualité de ses ressources humaines. Et, sur ce point spécifique, au ministre Adambi de confier à la presse : « Ce n’est qu’un premier pas, un nouveau départ en la matière. L’ambition du Président Patrice Talon en la matière est de faire former les futurs Ronaldo de l’industrie des hydrocarbures, du pipeline et, plus généralement, de l’économie national et de son développement durable »