Adambi signe à Gogounou l’acte de naissance du rêve de Patrice Talon pour une industrie béninoise du pétrole
274km entre la frontière béninoise avec le Niger à Malanville et N’dali, ce n’est pas seulement l’étendue en longueur du département de l’Alibori. C’est aussi la gigantesque portion du chantier du projet pipeline Bénin-Niger que la société Wapco-Bénin, ayant démarré ce 12 février les travaux de soudure dans l’arrondissement de Gounarou, s’engage à terminer au 31 décembre 2022 tout au plus. Ce, dans le même deadline, en plus de la station de pompage N°7 à Wèrè, arrondissement central de Gogounou. Du champ pétrolier nigérien d’Agadem aux côtes béninoises à Sèmè-Podji où avancent depuis 6 mois déjà à grands pas les travaux en mer de la station-terminale de pompage, la fin ultime de l’ensemble des travaux du projet du pipeline, le plus long d’Afrique avec ses 1950km dont 675km sur le territoire béninois et chevauchant 17 communes, est attendue au 31 décembre 2023 au plus tard. Partant, le 1er janvier 2024 pour compter enfin le Bénin au rang des nations à économie pétrolifère, fut-ce à travers l’industrie du pipeline ? C’est en tous cas l’engagement pris ce jour par Jin Jindong, Directeur général de Wapco-Bénin, face à Samou Séidou Adambi, Ministre de l’eau et des mines qui, à son tour, au nom de l’Exécutif béninois et son Chef Patrice Talon, se lance le défi républicain et donne l’assurance de tout mettre en œuvre pour honorer à temps les engagements de la partie béninoise consistant principalement à la maîtrise de l’emprise sur terres et leur libération pour les besoins du projet. Dossier spécial.
Par Razack ABDOU
Dimanche, 12 février 2022. Il sonnait exactement 9h30 lorsqu’arrive, en avance de 30mn à Gogounou, la délégation ministérielle de Samou Séidou Adambi. immédiatement accueillie par le maire de la communee lui aussi apprêté, Tidjani Mohamed Seydou-Barry Aboubacar. 5 petites minutes d’échanges plus tard, en présence des Chefs d’arrondissement concernés, du préfet du département de l’Alibori, de la partie chinoise conduite par Jin Jinsong, l’Administrateur général de Wapco et son interprète Liu Ying de même que du Directeur général des hydrocarbures et des combustibles fossiles, Achille Adjéniya et des professionnels des médias ; et le cortège s’ébranle.
Direction ? Gounarou, première étape de la visite ministérielle de travail qui officialise le baptême du démarrage effectif des travaux du projet pipeline par ceux de soudure des tuyaux de transport du brut nigérien pour l’international à partir de Sèmè Podji. Cap ensuite sur le village Wèrè dans l’arrondissement de Gogounou centre prévu pour abriter la station de pompage N°7. C’est aussi la base opérationnelle de la société Wapco avec toutes sortes de commodités (terrain de basket, salle de loisirs, restaurants etc,) et un impressionnant dispositif de surveillance et sécurité à la hauteur de l’envergure du projet (tours de contrôle, caméras de détection et de surveillance ultrasensibles…).
Un projet d’envergure inédite….
8 stations de pompage dont 3 sur le territoire béninois notamment à Gogounou, Tchatchou et Sèmè Podj, le projet pipeline Niger-Bénin, c’est aussi des tuyaux de toute dernière génération de 20 pouces de diamètre. Destinés à être ensevelis à 2,5m sous terre tous les 2 à 3 km au fur et mesure de l’évolution des travaux de soudure, ceux sont au finish des vannes qui vont drainer annuellement 450 tonnes de brut nigérien en transit au Bénin. Aussi, avec le tracé linéaire et quasi rectiligne du pipeline Niger-Bénin, tout semble-il avoir été pensé pour optimiser l’impact de la double télésurveillance directement de la Chine et de la station-terminale au Bénin. Symbole de la réponse gouvernementale appropriée à l’ardent défi de l’emploi des jeunes, le projet pipeline Niger-Bénin c’est également 300 milliards de recettes pour le Bénin sur 20ans, des ouvrages sociocommunautaires au bénéfice de 17 communes au moins, un prélude à la naissance au Bénin d’une industrie du pipeline avec un avantage de pionnier et un positionnement stratégique inédit du pays à l’international. Ainsi, pour le ministre Adambi donc, ce jour du 12 février 2022 marquant l’effectivité du démarrage de ces travaux est « un jour historique » qui l’anime également d’un « …sentiment de joie car l’expropriation n’a pas toujours été facile, entendu qu’il n’y a pas au Bénin de terre sans propriétaire ». « C’est aussi l’occasion de féliciter les autorités communales et préfectorales du département de l’Alibori qui ont également pesé de tout leur poids pour accompagner le processus d’expropriation qui nous a permis d’avoir totalement l’emprise sur les terres et de les libérer entièrement pour ce projet à l’échelle du département », souligne-il en saluant au passage la forte présence des nationaux au sein de l’équipe de terrain. « Je suis au demeurant heureux d’annoncer ici que le recrutement des fils et filles de chaque localité impactée par le projet pipeline Niger-Bénin va s’intensifier pour renforcer les équipes. C’est donc le lieu d’engager les autorités communales et préfectorales d’encourager leurs administrés à y prendre part. C’est un volet très important. Il faut que chacun puisse se sentir concerné par ce projet qui, bien que privé, est accompagné de bout en bout par le gouvernement puisque c’est le plus gros investissement privé jamais réalisé au Bénin depuis les indépendances en 1960. Et, cela épouse parfaitement la stratégie gouvernementale de lutte contre le chômage et la pauvreté ainsi que celle de sa promotion des économies locales », réaffirme le ministre sectoriel mettant n emphase le volet social induit de ce projet prometteur. Saisissant pour sa part au bon la balle, il est revenu au Directeur général de Wapco de décliner sa stratégie en des termes suivants : « Nous allons démultiplier nos équipes au fur et mesure que les terres en expropriation se libèrent afin d’avancer partout à la fois dans nos travaux pour tenir notre promesse de recevoir la première goutte de pétrole brut dans un pipeline entièrement construit au 1er janvier 2024 au plus tard ». De la parole aux actes et du rêve à la réalité, lentement peut-être mais très assurément, la promesse s’accélère. Et demain, le Bénin révélé par l’économie du pipeline.