RÉDUCTION DE LA POLLUTION AQUIFÈRE ET RÉSILIENCE DES ÉCOSYSTÈMES

La commune de Kandi désormais à l’école des bonnes pratiques de l’agroécologie grâce au projet pilote de démonstration du projet régional ITTAS

Dans l’exécution de sa mission de suivi et de préservation de la qualité des ressources naturelles en eau du Bénin, la Direction Générale de l’Eau (DGEau) a organisé, du 11 au 13 juin 2024, la formation des groupements maraîchers à l’agroécologie en vue de contribuer à la réduction de la pollution du système aquifère du bassin sédimentaire de Kandi. C’était dans le cadre opérationnel du projet pilote de démonstration du projet régional « Améliorer la gestion, la gouvernance et la conservation des ressources basées sur les connaissances du Bassin du Niger et des systèmes aquifères de la région Iullemeden-Taoudéni/Tanezrouft (ITTAS) » qui, dans sa composante 1 mise en œuvre par l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), vise à  soutenir la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) pour le bien des communautés et la résilience des écosystèmes.

Par Razack ABDOU

La pollution de l’eau est un problème crucial dans de nombreuses régions du monde, entrainant des conséquences néfastes pour la santé humaine, la biodiversité et les écosystèmes aquatiques comme à Kandi confronté, lui aussi, à des défis environnementaux majeurs. 

Aussi, par sa vocation naturelle qui est de contribuer à la gestion climato-résiliente et durable des ressources en eau de cette localité en misant sur la préservation de la disponibilité de l’eau et de sa qualité au profit des populations et des écosystèmes associés, le projet pilote de démonstration intitulé « adaptation aux extrêmes climatiques et gestion conjonctive des eaux souterraines et eaux de surface dans le bassin sédimentaire de Kandi » ne peut-il se concrétiser valablement qu’en influant positivement sur les pratiques agricoles durables à-mêmes d’assurer la résilience économique des maraîchers.

C’est, là, tout l’enjeu de la formation brièvement théorique et très largement pratique, pendant 3 jours du 11 au 13 juin 2024, des maraîchers de la commune de Kandi.

Du contenu pédagogique de la formation…

Ils étaient en tout 31 maraîchers représentant tous ensemble 8 sites différents de la commune de Kandi ; à raison de 5 maraîchers venus du village de Podo qui a accueilli la phase pratique, autant de la bourgade de Gogbèdè qui se veut être l’épicentre et champ expérimental favori du Projet pilote de démonstration et, enfin, 21 bénéficiaires cooptés au sein de 7 regroupements locaux autres à concurrence de 3 personnes par entité.  

L’enjeu capital des 3 jours d’émulation pédagogique ? Impulser ou, indifféremment, apporter de la valeur ajoutée au maraîchage dans le bassin sédimentaire de Kandi avec, en toile de fond, le souci pointu de minimiser là-bas  la forte dépendance de cette corporation socioprofessionnelle aux intrants qui, en plus d’être chimiques (pesticides, engrais etc.) et nuisibles à la santé aussi bien des praticiens que du consommateur final de leur production, sont inutilement coûteux et, donc, invariablement nuisible pour l’aquifère du bassin sédimentaire de Kandi, l’équilibre environnemental naturel des sols et le rendement économique de l’effort du travail de maraîchage dans la zone.

De fait, 3 jours durant, il a été question pour les participants d’immerger dans les pratiques agroécologiques éprouvées et respectueuses de l’environnement en s’outillant entre autres sur, pêle-mêle : les potentielles plus-values de l’utilisation de la matière organique dans leurs pratiques culturales, la lutte antiérosive, le respect des itinéraires techniques de production, etc. Tout ceci, bien sûr, en vue de favoriser par ailleurs la biodiversité à la faveur, par exemple, de l’agroforesterie, la rotation des cultures, la gestion intégrée des ravageurs, l’efficacité de l’irrigation ou encore la combinaison agriculture-élevage.

Ayant donc par-là acquis pour l’avenir des capacités nouvelles de surveillance de la qualité de l’eau et d’évaluation de l’impact réel de leurs pratiques agricoles sur les aquifères, c’est tout naturellement que les impétrants, heureux du providentiel don inespéré  reçu du viel,  y voient désormais une chance unique à saisir et l’opportunité jusque-là introuvable de capitaliser durablement le résultat de la formation  pour assoir une dynamique renouvelée de brassage constructif dans  l’interprofession à l’échelle de la communale à travers, bien entendu, des échanges d’expériences du genre et le transfert jusqu’à la base des connaissances gagnées dans cette semaine  en vue de favoriser la collaboration et l’apprentissage mutuel pour une agriculture plus durable.

A propos du déroulement… 

En 2 étapes, il s’est agi pour les bénéficiaires de faire dans un premier temps et après une brève session théorique dans la matinée du premier jour à la salle de conférence de la Direction Départementale Alibori de l’Energie, de l’Eau et des Mines (DDEEM), un plongeon enthousiaste, dès l’après-midi et sur les 2 jours consécutifs, dans l’océan des connaissances pratiques de l’agroécologie.  

Ainsi, de comment augmenter la fertilité du sol (composte par exemple)  au bénéfice de l’utilisation des variétés résistantes et adaptées au climat ; en passant par l’auto-appropriation des méthodes de lutte contre l’érosion hydrique et éolienne des terres, la technique de Zaï, la réalisation des planches bombées en saison pluvieuse et des planches concaves en saison sèche, l’usage des biopesticides à l’instar des semis sous couverture végétale, la lutte biologique impliquant l’utilisations des prédateur ou encore l’installation des diguettes filtrantes, de cordons pierreux ou l’enfouissement des résidus de récolte sans occulter la gestion des mauvaises herbes et des ravageurs, des méthode de jachère améliorée et l’installation des plantations d’eau dans les sites maraîchers etc., ces techniques déjà éprouvées sous le label du projet Songhaï ont été confrontées, durant toutes les phases, au filtre de la pratique des participants très captivés par la brillante pédagogie de M. Elvis DJOGBEOUE, technicien spécialisé en diversification agricole ey en service à la Cellule communale Kandi de l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA 2). Ceci, avec la précieuse contribution de facilitateurs communautaires et, lorsque cela s’impose, les éclaircissements du Coordonnateur du projet pilote, Francis AZONWADE à la tête de l’équipe de la DG-Eau très présente ; et sans parler de la rassurante et très remarquable présence du Président de la Coopérative Communales des Maraîchers de Kandi Nassirou KOTO d’après qui « …la restitution à la base et le partage avec tous les maraîchers à la dimension communale sont un devoir non-négociable et notre nouveau cheval de bataille dans le but de tirer collectivement le maximum de profit des connaissances que nous venons d’acquérir le long de ces 3 jours durant ».

En somme, le même égal espoir nourri pour la circonstance par le DDEEM Raoufaï DJIBRIL dans son discours d’ouverture officielle de l’événement  auquel avait activement aussi pris part, au nom de la Secrétaire Exécutive, Moussilimatou JACQUET-BAPARAPE, Responsable Eau, hygiène et assainissement de la mairie de Kandi.

Pour rappel, c’est à la suite d’une étude d’Analyse Diagnostique Transfrontalière réalisée par le projet ITTAS en octobre 2021 et qui avait révélé une baisse de la disponibilité des eaux souterraines, la dégradation de leur qualité et les effets de Changement Climatiques sur elles qu’a été pensé et officiellement mis sur orbite le jeudi 28 mars dernier, ce projet pilote de démonstration pour apporter, à partir du village de Gogbèdè un début de solutions dans le Basson sédimentaire de Kandi et que le succès de la formation des maraichers locaux close ce jeudi 13 juin 204 vient confirmer que la noble initiative est déjà en soi porteuse de la promesse d’avenir des bonnes pratiques pour la réduction de la pollution de l’aquifère, la biodiversité et la résilience économique du maraichage à l’endroit.

Articles connexes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *